5h30. Je me réveille en sursaut. Ca y est ! C’est l’heure de l’embarquement.
Est-ce que les voyageurs sont arrivés à temps à l’aéroport ? Je vérifie Whatsapp, mes mails, pas de nouvelles. J’envoie un message. Pas de réponse. J’appelle leur hôtel pour vérifier avec le chauffeur de taxi. Non, ils n’ont pas raté leur avion. Je me dis « parfait, bon timing, mission accomplie ». Puis deux secondes après je pense « dommage ». J’aurais bien passé plus de temps avec ces voyageurs auxquels je me suis si vite attachée.
A leur arrivée j’avais le trac, à leur départ j’ai le blues.
Tandis qu’ils s’envolent le cœur et la tête emplis de leur expérience cambodgienne, je sens une vague de nostalgie m’envahir. La nostalgie du partage…
Pour l’accompagnateur chaque rencontre est une stimulation formidable : à chaque voyageur son Cambodge, ses questions, son regard. J’ai beau vivre ici depuis des années, chacun d’eux m’amène à de nouvelles découvertes sur le pays, des interrogations inédites, me donne envie d’approfondir mes connaissances. Grâce à eux, chaque voyage est unique. Visiter Angkor avec d’infatigables marcheurs, avec des enfants, avec des artistes, ou avec des professionnels du bâtiment, génère des conversations très différentes, également merveilleuses à mes yeux.
Pour introduire des moments insolites, je m’inspire de leur personnalité, de leurs centres d’intérêt, de nos échanges. J’improvise avec délectation, dopée par je ne sais quelle hormone.
Mais les vacances se terminent. L’image me vient d’une séparation sur un quai de gare brumeux, sauf qu’au Cambodge il fait beau et chaud. L’idée du vide serait plus exacte. Le vide est passager car c’était bon et doux de vous rencontrer, voyageurs, et vous laissez des traces qui vont le combler.
A-L P.