Profitant de mon dernier accompagnement sur les temples d’Angkor, j’ai décidé de partir en repérage dans le nord du Cambodge, à la découverte du temple de Preah Vihear. Voici le contexte : érigé dans la 1ère moitié du IXème siècle, ce temple culmine à 600m de hauteur sur la plaine du Cambodge au sud et la Thaïlande au Nord. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 7 juillet 2008, la paternité du site est source de conflit entre les deux pays depuis…longtemps, situation très bien expliquée sur cette page Wikipedia. N’étant ni historien ni adepte des copier/coller à outrance, je préfère ici vous raconter comment s‘est passée ma découverte de ce petit coin du Cambodge.
Preah Vihear, comment s’y rendre ?
La préparation du voyage s’est avérée moins facile que prévue ! En effet, habitué à partir en repérage par à peu près n’importe quel moyen roulant (on aura même fait un retour de Tonlé Bati sur un chargement de pommes de terres…), j’ai été surpris de ne trouver aucune compagnie de bus reliant Siem Reap à Preah Vihear, ni sur les différents forums visités en ligne, ni dans les nombreuses agences de la ville, ni même à la gare routière (sauf Mekong Express qui me proposait un trajet incroyablement long et compliqué aux modalités plus qu’incertaines, un peu comme si on passait par Lyon pour rejoindre Paris depuis Strasbourg, sans très bien savoir dans quel type de véhicule on allait rouler…). Finalement, la situation s’est décantée en quelques minutes (comme quoi, ça a du bon de persévérer !) : j’ai appelé le Preah Vihear Boutique Hotel, seul hôtel référencé sur l’ensemble des documents imprimés et en ligne à disposition, et voici la teneur de notre conversation :
- moi : « bonjour ! Je serai ravi de venir découvrir votre établissement demain et visiter le temple de Preah Vihear après-demain, à condition de trouver un moyen de transport pour vous rejoindre depuis Siem Reap »
- l’hôtel : « bonjour Monsieur ! Pas de souci, je peux vous organisez un taxi qui vient vous récupérer à votre adresse à l’heure souhaitée. Le véhicule sera partagé, et il vous en coûtera 7USD pour une place à l’arrière, ou 15USD pour être à l’avant »
- moi : « elle est où la blague ? vous êtes en train de me dire qu’il est facile et rapide d’organiser ce déplacement, alors que personne jusqu’à présent n’a pu m’aider dans ce sens… »
- l’hôtel : « euh, oui, c’est à dire que nous sommes dans une région plutôt méconnue… »
- moi : « c’est parfait ! Je réserve »
A 7 passagers dans une Camry 5 places
Le chauffeur arrive à l’heure, on attend une bonne 1/2 heure supplémentaire à la gare routière de Siem Reap le temps de remplir le véhicule (il est important de savoir à ce stade de la lecture que la notion de remplissage est toute particulière ici…la petite case «véhicule privatif avec chauffeur» est dores et déjà cochée pour le montage de l’offre TOKAE !). De mon côté, ça va, je me suis offert le luxe de la place passager à l’avant. La route est belle, sauvage. Je m’endors un moment, me réveille pendant les averses tropicales. On lâche une partie des passagers à Anlong Veng après 1h30 de route. 5mn de pause le temps de se dire que cette bourgade ne suit définitivement pas l’essor de Siem Reap et de Phnom Penh, un peu comme si rien n’avait changé depuis quelques décennies, hormis la route récemment bitumée. Et une petite heure plus tard, j’arrive au Preah Vihear Boutique Hotel. Le bâtiment est imposant. Seul au milieu des champs. Clairement construit par un asiatique (si si, dans ces dimensions, c’est assez évident !). Très bon accueil («Monsieur Bernard, votre trajet depuis Siem Reap s’est-il bien passé ?»), quelques longueurs dans la piscine me font le plus grand bien. En cette saison (des pluies), dans cette province (reculée et mal connue), les clients ne sont pas légion. Je décide plus tard de faire un petit tour du voisinage, en l’occurrence du marché / village d’à côté, créée quelques années plus tôt par le déplacement des populations lors du classement du site du temples et des 30km alentours au patrimoine mondial de l’Unesco.
Départ à l’aube, seul sur le temple de Preah Vihear
Le temple de Preah Vihear. Son nom sonne un peu comme un mythe. Comme ces mots cambodgiens qui nous plongent dans un univers à part entière. Phnom Penh. le Bokor. Le Rattanakiri. Et bien d’autres. Levé à 5h, j’attends mon guide à 5h30. Il arrivera avec une bonne 1/2 heure de retard, problème mécanique sur sa mobylette. Pendant ce temps, je regarde le jour se lever. Le trajet dure 30mn environ. La route est parfaite. Déserte. Pas un bruit. Nous traversons la forêt. Il fait frais. Presque froid, ce qui est très rare au Cambodge (outre bien sûr la climatisation forcée des centres commerciaux et des cinémas de la capitale, bien loin). La brume du matin s’accroche aux arbres. Quelques montagnes se dessinent au loin. Nous nous arrêtons au pied de l’une d’elles, et je monte à l’arrière d’un scooter plus puissant, plus à même de transporter 2 passagers au sommet. La route d’ascension est parfaitement goudronnée. Elle semble avoir été faite la veille. Jusqu’à ce que nous bifurquions sur la gauche, sur un chemin particulièrement escarpé. Le chauffeur continue son chemin comme si de rien n’était ; j’hésite à le faire s’arrêter et à continuer à pied, pas certain d’avoir tout à fait envie de faire confiance à la mécanique. Mais ça passe. On arrive au sommet. Les soldats finissent de se réveiller. Premier café. Nous commençons la visite. Tout en longueur, sur une pente ascendante, le temple se mérite. CA et là quelques traces des combats armés de 2008 (impacts de balles dans la pierre). Personne à l’horizon. Nous avançons petit à petit. 7h du matin, la fraîcheur est partie. Vue sur la plaine cambodgienne tout en haut du temple, à couper le souffle. De l’autre côté, le poste frontière balance par radio les nouvelles du jour depuis la Thaïlande. Les nuages restent accrochés au sommet des montagnes. Nous restons là, un certain temps…Retour à la réalité, café, descente encore plus vertigineuse que la montée, arrêt au check point (qui était fermé à notre arrivée) pour enregistrement de mon identité. Le retour se passe avec ce sentiment étrange qu’on éprouve après avoir visité un endroit qui ne nous a pas laissé indifférent. Ce petit picotement dans la nuque. Ce quelque chose qui nous fait nous sentir chanceux, et heureux.
le village, les guesthouses, le veau à la broche. Dans l’après-midi, j’ai profité de l’hôtel, et j’ai commencé à travailler mon projet de film sur le Cambodge en time-lapse. Puis j’ai marché. J’ai été dévisagé. Par des cambodgiens qui s’étonnent de voir un blanc dans ce coin du pays. Aucun animosité. Aucune arrière pensée. Juste une très grande curiosité. Sur la route, des guesthouses à peines finies. Je les visite ; elles seront une bonne alternative pour des budgets plus limités. Et je finis par dîner dans cette petite échoppe repérée plus tôt, veau à la broche qui tourne à l’entrée, servi avec légumes crus et amok / piment / citronnelle évidemment. La viande est bonne ; l’épiderme grillé, comme d’habitude, me convainc moins.
Retour à la civilisation
la route de retour vers Phnom Penh. Le trajet s’est avéré très…cambodgien ! Comme à l’allée, la place passager côté conducteur. Toyota Highlander. Quelques kilomètres après le départ, on s’arrête pour laisser monter un dernier passager, qui faute de place à l’arrière montera…à l’avant, à la gauche du chauffeur (double-check de la petite case «véhicule privatif avec chauffeur»). 10mn plus loin, appel, quelqu’un hurle dans les oreilles du chauffeur qui se confond en excuses et fait demi-tour jusqu’à la rencontre d’une moto en sens inverse. L’échange se fera rapidement : le pauvre coq oublié au départ sera chargé entre les paires de jambes à l’arrière et on en parle plus. 1h30 à peine jusqu’à Kompong Thom, pause déjeuner, et arrivée à la capitale 4h plus tard. Avec le sentiment d’avoir vécu quelque chose de beau. Quelque chose de moins compliqué qu’il n’y paraît. Quelque chose qui m’a beaucoup, beaucoup plu.
Ce périple m’a donné envie d’ouvrir un nouveau circuit sur l’est du pays. Pour des voyageurs un peu plus aventureux. Vers un Cambodge encore un peu plus…loin. Ca vous dit ?
[author image= »https://tokae.com/wp-content/uploads/2013/09/fb_blog.jpg » ]Fabrice a créé TOKAE pour vous emmener à la découverte du Cambodge tel qu’il l’aime. Son envie : partager sa vision du pays, échanger, cultiver la différence, vous faire vibrer. Prêt pour le voyage ? www.tokae.com ![/author]
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[…] galerie complète l’article dédié à notre repérage du temple de Preah Vihear publié sur ce blog plus tôt. Juste pour le plaisir d’ajouter quelques images […]